Mbata-Kiela 

Christian Levo, félicitations pour le prix que vous venez de recevoir de l’Institut Cerba ! Pouvez-vous nous parler du projet auquel ce prix va contribuer ?  

Le prix remis par l’Institut Cerba va permettre de soutenir le développement de l’infirmerie scolaire du petit séminaire de Mbata-Kiela, situé dans l’Ouest de la République Démocratique du Congo. Cet établissement tenu par des religieux accueille actuellement une centaine d’élèves qui y suivent leurs études secondaires. L’infirmerie scolaire est actuellement gérée par les élèves eux-mêmes sous la supervision des prêtres, sans médecin référent ni équipements médicaux suffisants.  

Le projet vise ainsi à mettre en place des consultations médicales mensuelles gratuites pour les élèves, avec des médecins anciens séminaristes ayant accepté d’intervenir bénévolement. Le prix remis par l’Institut Cerba va permettre l’achat d’équipements pour l’infirmerie, tels que des lits, des matelas, des draps, des armoires à pharmacie, des stéthoscopes, des thermomètres ou des médicaments (analgésiques, antiémétiques, antibiotiques, vermifuges, suppléments en fer…).  

Pourquoi ce projet vous tient-il particulièrement à cœur ?  

Je suis moi-même un ancien élève du petit séminaire de Mbata-Kiela et j’ai souffert d’une prise en charge insuffisante avec des accès réguliers de paludisme survenus pendant ma scolarité qui ont donné lieu à beaucoup d’absentéisme. Pour reprendre la célèbre citation latine « Mens sana in corpore sano »*, je suis convaincu que les enseignements dispensés ne peuvent être bien reçus que si la santé des enfants est assurée.  

Plus récemment, j’ai aussi été très touché par le sort d’un élève du séminaire qui a succombé à la fièvre typhoïde faute d’avoir pu bénéficier à temps d’un diagnostic et d’un traitement appropriés. 

Vous n’en êtes pas à votre premier geste en faveur du séminaire de Mbata-Kiela. Votre association a aussi organisé le don de milliers de livres et manuels scolaires à sa bibliothèque.

Les manuels scolaires mis à la disposition des élèves du séminaire de Mbata-Kiela tombant littéralement en lambeaux, j’ai monté un projet de levée de fonds pour l’achat et l’acheminement de livres. À ce jour, 20 convois pour un total de 3 541 livres et 1 755 stylos ont été expédiés. L’aspect le plus difficile de ce projet a été de gagner la confiance des donateurs, alors que des détournements de fonds jettent régulièrement le discrédit sur ce type d’opération.  

J’ai pu mettre le savoir-faire et la crédibilité acquis lors de cette précédente expérience à profit dans le cadre du projet de renforcement de l’infirmerie scolaire.  
 

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que votre projet avait été retenu ?  

J’ai vécu l’annonce des résultats comme la concrétisation d’un rêve, mais aussi comme l’aboutissement d’un projet mûrement réfléchi. Je suis extrêmement reconnaissant vis-à-vis de l’Institut Cerba pour son soutien matériel significatif à notre initiative. 

L’annonce a aussi coïncidé avec le décès de mon père, médecin engagé en faveur des populations défavorisées de RDC. J’ai le sentiment de perpétuer un peu son action, et plus que jamais, je crois que de là-haut, il continue d’être fier de moi. Cet amour pour ma communauté et mon pays, et l’envie de m’engager pour eux, c’est de mon père que je les tiens.  

Y a-t-il un dernier message que vous aimeriez passer ?  

Passionné de littérature et auteur d’un recueil de poèmes, j’aimerais volontiers terminer sur deux vers :  

« Dans ce monde miné par l’indifférence, 

Je me fais porte-voix de ceux qui errent.  

Dans ce monde vivant dans l’opulence, 

Je fais écho à ceux qui crient leur misère. »  
 

* Un esprit sain dans un corps sain